Séminaire de Catherine Kauffmann
« Transfert, transmission, transformation ».

 


 


 

 

 


 


La nature est source d’aléas, de risques, de désordre. L’homme n’a de cesse de vouloir la domestiquer, la dominer, la supprimer, si possible par une mise en ordre rationnelle du monde qui en éradique les incertitudes, les imprévisibilités[1]. Ainsi, si l’homme est mû par la nature et cela comme n’importe quel autre être vivant (soumis à son mouvement), il est aussi doté du pouvoir de transformer la nature ainsi que sa propre nature (mouvement actif). De cette circulation dialectique, découle le paradoxal pouvoir de mise en œuvre de la civilisation (kultur) - par le travail ou l’art notamment -, mais aussi celui de destruction lorsque, par le progrès, s’affole l’hubris.

                  Or, dès ses origines grecques la philosophie travaille sur ce paradoxe entre la création et la production. Elle nous alerte en convoquant l’homme à la sophrosùné face aux risques de la sophia. La sphrosùné, comprise comme discours de la prévention et de la tempérance, est le versant de la philosophie où l’homme est appelé à entendre ses propres limites afin de déjouer son désir démesuré d’emprise et de maîtrise de la nature ; une philosophie de la modestie et de l’humilité, de la sagesse. La sophia, elle, est au contraire audacieuse. Il s’agit de la sagesse irrévérencieuse du savant, du sachant, curieux, impétueux et entreprenant, doué de logos, usant de l’instrument de la rationalité et de l’intelligence, poussé par le désir sans limite d’élargir sa puissance et son appropriation du monde.

Dès le commencement donc, la philosophie contient ces deux approches, contradictoires mais réunies, s’opposant et se mobilisant l’une contre l’autre, l’une avec l’autre, au gré des enjeux de domination, de renoncement, d’aliénation.

                  Cette année encore j’aimerais poursuivre mon travail sur les questions autour du discours de la rationalité, sur la façon dont la psychanalyse, dans un geste critique et révolutionnaire, a permis d’interroger la maîtrise de ce discours. Comment, en ce faisant, elle permet de réengager une mise en éveil de la philosophie en sondant notamment l’idée selon laquelle le savoir est associé à la pulsion.

Car, rapprochée de la pulsion d’emprise, la pulsion de savoir est caractérisée par Freud dans les Trois essais sur la théorie de la sexualité, comme une « action [qui] correspond d’un côté à un mode sublimé de l’emprise et d’un autre côté [qui] travaille avec l’énergie du plaisir-désir de regarder. Ses relations à la vie sexuelle sont cependant des relations particulièrement significatives, car nous avons appris de la psychanalyse que la pulsion de savoir des enfants est attirée avec une précocité insoupçonnée et une intensité inattendue, par les problèmes sexuels, qu’elle n’est peut-être même éveillée que par eux. […]Le premier problème dont [l’enfant] s’occupe, en accord avec l’histoire de l’éveil de cette pulsion, n’est d’ailleurs pas la question de la différence des sexes, mais l’énigme : d’où viennent les enfants ? Avec une déformation que l’on peut facilement défaire, c’est aussi l’énigme qu’il revient au Sphinx de Thèbes de poser[2]. »

Nous nous questionnerons, au fil de ce séminaire, sur le lien entre la pulsion de savoir et le désir de connaitre puis de transmettre ; comment cette traversée depuis soi vers l’autre ne peut jamais se comprendre sans violence - c’est-à-dire sans un désir de transformation de soi, des autres et du monde - ; et comment la psychanalyse y a substitué la notion de transfert.

Le séminaire se tiendra au 2, rue du commerce à Tours à 20H30, les vendredis 7 octobre, 9 décembre 2022 et 3 mars, 5 mai 2023.

 


[1] Voir André Gortz, L’immatériel, Éditions Galilée, 2003.

[2] Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, OC, VI, 1901 – 1905, p. 130-131 (C’est moi qui souligne).

 

 

 

 

Séminaire de Catherine Kauffmann
« Ce que la philosophie doit à la psychanalyse ».

 


 


 

 

 


 


 

Dès la dialectique de Platon, comprenant le Bien comme épékeina tès ousias (c'est-à-dire « au-delà de l'être »), on trouve une hyperbole présente au cœur même de la pensée, qui l’ouvre et la fonde comme telle, tout en l'excédant. En effet, il y a dès l’origine excès par lequel « toute philosophie (du sens) se rapporte en quelque région de son discours au sans-fond du non-sens »1, un non-sens qui ne peut qu'être enfermé dans le discours fini du logos, sans quoi il se perd dans le labyrinthe ou « palintrope », là où les mortels selon Parménide sont perdus, contraints de se contredire, obstinés à vouloir emprunter le chemin du dire le néant, dont la déesse prévient pourtant qu'il ne peut ni être connu, ni même être dit : chemin clôturé.

Chemin que Derrida voudra, lui, emprunter.

En poursuivant ainsi la posture hyperbolique qui se rejoue notamment avec Descartes, Derrida propose dès lors de soutenir encore plus radicalement l’angoisse de l’instabilité ou les limites de la folie contenues dans toute pensée, celle-ci appelée par là à assumer sa propre errance. Pour cela, il ouvre au plus large le champ des prérogatives de la philosophie en montrant qu’il existe une autre écriture, une archi-écriture excédant toujours le contenant, irréductible à un lieu ou un tenant-lieu, lorsque ni le livre, ni la bibliothèque, ni même l’auteur ne peuvent la situer, puisque cette écriture pense l’espacement, le devenir-absent et le devenir-inconscient du sujet.

C’est alors avec Freud que Derrida repère les mêmes enjeux à propos d’une écriture qui ne s’enferme jamais dans une représentation exposée au sein d’un théâtre, là où l’écriture nous joue une scène. Cette Scène de l’écriture que Derrida travaille à déconstruire avec minutie, se rendant à une amitié infraternelle avec Freud.

Sans doute est-ce alors lorsque Derrida affirme la nécessité d’un immense travail de déconstruction de la complicité de Freud avec la métaphysique que l’hommage à la puissance révolutionnaire de la psychanalyse prend sa pleine mesure. C’est ainsi, en effet que Derrida ne cessera plus, à partir de 1965 et de La grammatologie, par sa lecture des textes de Freud, de faire en sorte que les apports freudiens se déploient au-delà d’eux-mêmes, emportant en ce mouvement une philosophie autre, une autre promesse de la philosophie; là donc où l’hyperbole endure l’extravagance au-delà des schèmes de la représentation, toujours déjà ancrés dans une détermination temporelle classique.

C’est autour de ces enjeux derridiens que nous aurons à cœur de soutenir cette affirmation proposée par Jean-Marie Vaysse, dans son ouvrage L’inconscient des modernes : « Si la philosophie moderne a parlé de l’inconscient sans le savoir, la psychanalyse a fait de la philosophie sans le vouloir. Là où était le sujet moderne, l’inconscient devrait advenir ; là où est advenu l’inconscient la philosophie doit revenir. »

 

Catherine Kauffmann.

 

Ce séminaire est ouvert à tous après inscription au : 06 81 99 71 39


Il se tiendra au 2 rue Paul-Louis Courier (lieu à confirmer) les vendredis à 21h aux dates suivantes : 25 mars ; 20 mai

1. Jacques Derrida, L’écriture et la différance –Cogito et histoire de la folie, Seuil, 1967, p. 88.

 


 



 

Groupe de lecture de Thomas Sabathier

 


 


 

« Soit Au-delà du principe du plaisir. Par moi ouvert à la première page, sans autre précaution, aussi naïvement qu’il est possible. »

 


 


Ouvert à tous, ce groupe travaillera sur Spéculer - sur « FREUD » dans La carte postale. De Socrate à Freud et au-delà. Il se propose d’emboîter le pas de Derrida lisant Au-delà de Freud, pas à pas reprendre ses « déambulations » à travers le texte Freudien.

 

Ce séminaire se tiendra au 2 rue du commerce (lieu à confirmer).

Les vendredis à 20H45 aux dates suivantes :
4 mars ; 1er avril ; 6 mai

On s'inscrit en téléphonant au : 06 24 67 34 25

Il est préférable d'avoir lu l’ « Au-delà du principe de plaisir » de Freud.

 



 


 

Conférences données par Francis Capron
« La Psychanalyse à supposer... » - 40 ans après -

 

 


 


 

Après 40 années d’exercice de la Psychanalyse peut-être est-il nécessaire de témoigner. Témoigner non seulement de l’expérience acquise, mais aussi des points cruciaux et spécifiques de la clinique psychanalytique, l’évolution de certains concepts et pratiques, du rôle de ses institutions dans sa « supposition » idéologique et théorique, l’influence des faits politiques et sociétaux dans la « supposition » de son influence ou de son inertie, etc.

Ces conférences se tiendront les 3 et 4 juin 2022.

Les lieu et horaires vous seront communiqués ultérieurement.

Renseignements au : 06 07 24 29 98