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JOURNÉES DE TOURS 2013 - 16 et 17 novembre


La DÉMOCRATIE comme EXPÉRIENCE politique de l'IMPOSSIBLE


Bien que la démocratie (demos : peuple et kratos : pouvoir), comme système politique de gouvernement, ait, depuis l’invention d’Athènes, toujours suscité bon nombre de critiques que l’on trouve aussi bien chez Platon, chez Tocqueville plus tard ou chez Marx ensuite, il semble néanmoins que le « paradigme logico-politique du gouvernement démocratique » se soit effondré après ou dès le début de la Première Guerre mondiale.

Comme le commente Jean-Claude Milner, les démocraties occidentales n’auraient gagné la guerre qu’en reniant les principes philosophiques, politiques et juridiques de leur fonctionnement. Hannah Arendt dira alors que si les individus, à l’instar des institutions, ont ainsi renoncé à ce qu’il y a d’humain et de libre en eux, c’est certes parce qu’ils ont disparu derrière la progression de la société de masse, mais c’est aussi parce qu’ils vivent le sentiment d’une perte du monde commun et de l’espace public à partir duquel les hommes peuvent vivre ensemble (désolation) .

Même si les mots restent ou si le vieux nom de démocratie est maintenu, on peut se demander s’ils recouvrent encore aujourd’hui la même signification.

Loin d’être étrangère à ces préoccupations, la psychanalyse, sous la plume de Freud, tente d’élaborer un pont entre psychisme individuel et les « grands individus-peuples ». Déjà dès 1927, Freud soulève la question de savoir si les principes régissant « ces dispositifs étatiques, censés aménager les relations entre les hommes ne devraient pas, tout simplement, être qualifiés d’illusion » . Impossible pour Freud, dans un premier temps, de soigner, d’éduquer et de gouverner. Mais si l’on va plus loin, nous savons qu’il aura traité « d’une part de l’inégalité des hommes, innée et impossible à éliminer, qui consiste en ce qu’ils se divisent en meneurs et en sujets dépendants » , Freud se montrant par là fidèle à une certaine « aristodémocratie » en dessinant ainsi, dans sa correspondance avec Einstein, « un état idéal fait d’une communauté d’hommes ayant soumis leur vie pulsionnelle à la dictature de la raison ». Le risque alors d’une telle impossible dictature, et comme le souligne René Major, ne serait-il pas qu’il n’y ait plus ni amis ni ennemis – donc plus de politique – et que les composantes sexuelles et agressives de la vie pulsionnelle soient reléguées au lien le plus asocial qu’est le lien amoureux ?

Comment donc penser une démocratie, soit une égalité, qui ne soit pas synonyme d’homogénéité, qui tienne compte d’une singularité infinie comme peut l’être la vie, l’incalculable du vivant ? Comment penser ce que Derrida désigne alors sous le nom de « démocratie à venir » qui, précise-t-il, n’est pas l’avenir de la démocratie, mais ce qui reste inaccessible dans la structure de la promesse du rapport à l’autre ? Il y a, pense-t-il, et malgré l’histoire de l’Occident, sa fin comme l’aurait dit Lacoue-Labarthe , il y a un renouvellement constant et concret de la promesse démocratique, comme du rapport à l’autre en tant que tel, hétérogénéité incalculable. Ce qui est important dans la « démocratie à venir », ce n’est pas la démocratie, c’est l’à-venir, cette pensée de l’événement, de ce qui vient, pour que la venue soit venue de l’autre. Sortir de la présentation du présentable, de ce qu’on peut faire, car c’est à partir de ce qu’on ne peut pas faire qu’on pense.

Dans un entretien avec Michael Sprinker , Derrida se risquera alors à l’aphorisme qui fait le thème de nos journées : « la démocratie pour moi, si je peux risquer un aphorisme, c’est l’expérience politique de l’impossible, l’expérience politique de l’ouverture à l’autre comme possibilité de l’impossible. »

Francis Capron


Liste des intervenants :


  • Cyrille DELORO : « Les enfants du Pire »
  • Christophe SCUDÉRI : « L'à-venir de la psychanalyse : une psychanalyse réinventée ? »
  • Jean-Claude MILNER : « La démocratie, Empire ou contre-Empire ? »
  • Marc GOLDSCHMIT : « L'hypothèse du Marrane. La démocratie à venir au-delà du théologico-politique »
  • Sophie GOSSELIN : « Une politique du différend »
  • Jean COOREN : « Il aura fallu que ça se répète : ainsi s'archivent les post-scriptums »



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JOURNÉES DE TOURS 2011 - 19 et 20 Novembre


Penser autrement
Le possible de l'impossible


« La psychanalyse a pour objet l'impossible, ce qui est aussi impossible que possible. » Déjà Freud avait relevé ce défi en pensant l’inconscient, mettant fin aux limites rigides assignées par la logique de la conscience, barrant les oppositions métaphysiques classiques entre normal et pathologique, quotidien et sublime, ordinaire et fantastique. La pensée freudienne a rendu possible ce qui jusqu’alors demeurait impossible en introduisant une altérité radicale en rapport à tout mode possible de présence, ouvrant ainsi à un autre concept du temps dans ses effets d’après-coup et de retardement.

La scène du rêve est la voie royale qui mène à l’inconscient, nous dit Freud. Rêver serait donc rêver l’impossible comme si au commencement était le rêve, comme si le rêve était une des voies pour ressaisir le « propre » de la pensée. Le rêve nous donnerait à penser « la possibilité de l’impossible », le désir inconscient pour Freud, l’im-possible chez Derrida et si Freud conseille de pousser l’analyse du rêve aussi loin qu’il est possible, ce possible rencontre à chaque fois un point d’inconnu, d’impossible, qu’il désigne comme « l’ombilic du rêve ».

Lacan, quant à lui, intégrera à son tour l’impossible à la structure même de l’inconscient, le nouant sous le terme de réel au symbolique et à l’imaginaire : « Il n’y a pas d’autre définition possible du réel que : c’est l’impossible ; quand quelque chose se trouve caractérisé de l’impossible, c’est là seulement le réel ; quand on se cogne, le réel, c’est l’impossible à pénétrer ».

Faudrait-il pour autant penser l’impossible comme limite ou alors cette limite, cet impouvoir, comment pourrait-elle nous donner « la force » de penser autrement ? « Si l’on veut ressaisir le propre du penser, du nommer, du désirer, c’est peut-être à la mesure sans mesure de cette limite que c’est possible, possible comme rapport sans rapport à l’impossible. » Autrement dit, le rapport au monde serait toujours un rapport d’interruption, une rupture inéluctable de présence (rapport sans rapport) qui selon Derrida maintiendrait l’autre dans son altérité, l’inventerait en permanence dans un détournement de la présence immédiate. L’unique ne pourrait se dire qu’à s’effacer ou à se perdre, l’autre ne se présentant jamais comme tel par sa présence, mais par son absence et cela même lorsqu’il se présente. Le surgissement de l’altérité comme événement, du tout autre comme possible ne le serait donc qu’à une condition, celle de l’impossible convoquant le deuil originaire et l’économie d’une « certaine mélancolie » comme expérience incontournable.

Penser l’impossible, au nom de l’impossible et sous le coup même de l’impossible, de sa butée, du réel qu’il impose, sous le coup et l’écho de son impératif, il le faudrait donc absolument, inconditionnellement, infiniment, car justement, on ne le peut pas, pas encore, toujours pas encore et « ce qu’on ne peut pas dire, peut-être ne faut-il pas le taire, mais l’écrire ?»

Un lien ici est fait entre la scène de l’impossible et l’écriture qui par la langue le mettrait en scène ou lui ferait une scène. Car il ne saurait y avoir de pensée, même une pensée sur l’impossible, sans la langue car la langue donne la pensée à la pensée. « Penser, c’est ce que nous savons déjà n’avoir pas encore commencé à faire ». L’impossible « qu’il faut » (car cela manque ou fait défaut) ne serait alors ni utopie, ni folie, mais désir, désir se tenant comme au bord du rêve, désir insensé de cerner au plus près la portée d’une pensée ainsi pensée… autrement.

En quoi alors cette pensée sur l’impossible, de ce qui surgit comme événement, rendu alors toujours traumatique car venant bouleverser la temporalité normale de l’histoire, a-t-elle partie liée avec les formulations du réel comme impossible présentes chez Bataille et Lacan ?

« Le réel, dira Lacan, c’est l’expulsé du sens, c’est l’impossible comme tel, c’est l’immondice dont le monde s’émonde en principe, c’est l’existence de l’immonde, à savoir de ce qui n’est pas monde… » toujours donc impensable et inassimilable parce qu’imprévisible. Le rêve de l’injection faite à Irma décrit par Freud en sera sa première illustration, « cet horrible secretas, la chair dont tout sort, au plus profond même du mystère, la chair en tant qu’elle est souffrante, qu’elle est informe, que sa forme par soi-même est quelque chose qui provoque l’angoisse »

Chez Bataille, penser le réel est une pensée qui excède tout fondement car l’excès déborde les limites de la raison, se situe toujours en dehors, dehors saisi comme menaçant et dangereux. Le réel comme impossible ne renvoie donc pas seulement à l’hétérogène de la présence ou de l’altérité mais aussi et surtout par ce qui est rejeté, expulsé, séparé, déchet irréductible, corps étranger. Ne pas se séparer de cet hétérogène serait une menace pour le sujet par risque de contagion.

Enfin chez Derrida, le réel comme impossible fait partie du tout, il participe et appartient. Il ne peut donc n’être seulement rejeté, il est cendre et trace. « Reste sans reste substantiel, avec lequel il faut compter. S’il est reste, il précède ce qui est et le rend donc possible. De ce reste, de ce réel il en reste toujours quelque chose, « une restance » qui conditionne en faisant exception, en venant border, capable donc d’être débordé.

Plus qu’un désaccord sur le fond avec Lacan, la position derridienne sur le réel qui insiste et reste impossible, ne signe-t-elle pas une position politique ou une vision politique de l’inassimilable, de l’étranger, de ce qui s’exclut et se rejette parfois un peu trop facilement ?

Francis Capron


Liste des intervenants

Stéphane Habib : « Une histoire impossible »
Marcus Coelen : « De la catégorie du possible à l'impossible d'une catégorie. La scène primitive d'une autre pensée »
Joseph Cohen : « De l'aporologie »
Francis Capron : « Mélancolie ou deuil impossible d'une certaine humanité »
Pierre Marie : « Inconscient et syllogisme pratique : Aristote, Freud et Lacan »


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JOURNÉES DE TOURS 2010 - 12, 13 et 14 Novembre


Politique de la psychanalyse : une psychanalyse sans alibi


La psychanalyse, bien qu’historiquement liée à la médecine, s’est très tôt démarquée du médical en refusant l’objectivation des symptômes et en ne cherchant pas un retour à la condition antérieure d’avant la maladie. La psychanalyse ne peut donc avoir de visée thérapeutique au sens classique du terme car pour elle, ce sont les modifications intervenant sur le passé qui changent le présent, la remémoration par la libre association venant à la place d’une répétition qui s’ignore comme telle.

Si la pensée philosophique traverse de part en part son élaboration théorique, la psychanalyse ne peut pour autant s’identifier à elle, mais ne peut pour autant dénier son influence et la pertinence de ses concepts à qui elle doit tant. Nul ne pourra contester ce que la psychanalyse doit à Nietzsche (théorie des pulsions) et à Hegel (la figure du grand Autre). Toute l’œuvre de Freud puis celle de Lacan en témoignent.

En identifiant le sujet de l’inconscient, la théorie comme la pratique de la psychanalyse affirment que celui-ci ne pourrait se prétendre ni autonome, ni libre et maître en sa demeure, ni encore moins céder aux vieux axiomes d’un sujet souverain ayant une responsabilité autonome. Penser une psychanalyse sans alibi serait cette exigence de considérer l’inconscient comme source de toutes les responsabilités, hors souveraineté.

Elle met donc en relief un autre concept du politique et de la vérité.

C’est cette autre manière d’envisager politique et vérité qui permet de répondre simplement, sans déni et sans scientisme, aux attaques répétées qui œuvrent au discrédit de la psychanalyse, en réclament même la mise à mort. Que ce mouvement s’acharnant et se répétant contre la psychanalyse vienne aujourd’hui d’un philosophe qui prétend s’en prendre aux normes n’est pas un hasard. Il est un signe des temps. Du temps contemporain où la position subjective ne cesse d’être quotidiennement niée et méprisée au profit d’une objectivation des comportements rendant sans cesse la norme plus écrasante et plus médiatisée. Il vaut mieux dès lors vendre son livre que de l’écrire vraiment, vendre son livre plutôt que de le jeter après sa lecture comme le disait Nietzsche.

C’est la raison pour laquelle la Société Psychanalytique de Tours, dix ans après les États Généraux de la Psychanalyse, inaugure cette année un premier salon du livre de la psychanalyse et de la philosophie conjointement à la tenue de son colloque annuel afin que puisse circuler librement, ou aussi librement que possible, la pensée d’une psychanalyse sans alibi. De ce fait, ces Journées de Tours (12, 13 et 14 novembre 2010) sont un acte politique, d’une politique qui tiendrait compte de l’inconscient comme Sujet de la psychanalyse.

C’est la seule réponse possible aujourd’hui à cette polémique autour de la psychanalyse qui gonfle comme une baudruche, seule réponse vivante, démontrant que la psychanalyse est bien vivante en lien qu’elle pourrait être avec, non pas la philosophie, mais une certaine philosophie. Ressaisir ainsi la spécificité première de la psychanalyse qui est cette volonté de tenir compte du savoir inconscient, d’un savoir insu, en dehors ou à l’écart de toute parole d’expert ou de spécialiste.

Chacun des intervenants comme chacun des acteurs de ces journées sont donc implicitement concernés par la question soulevée et participent activement à la concrétisation de cet événement politique, d’une politique de la psychanalyse et de son avenir, sans alibi

Francis Capron



COLLOQUE

La Psychanalyse sans alibi

Au Sujet de la Psychanalyse


Psychanalyse : on aura tôt fait d’associer à ce nom, à cette pratique d’autres noms et d’autres disciplines qui, sans vraiment la spécifier, tenteraient de mieux la définir ou éclaircir ce qu’il en serait de son objet, ratant alors systématiquement son Sujet en ne lui donnant, peut-être, que des alibis.

C’est du moins à cette pensée discursive que nous invite Jacques Derrida lors de sa conférence devant les États Généraux de la psychanalyse en juillet 2000 à la Sorbonne, lorsqu’il aura employé avec insistance, et en plus d’un lieu de celle-ci, l’étrange expression « sans alibi » voulant ainsi qualifier, spécifier le Sujet de la psychanalyse, cette dernière ne pouvant se soustraire ou alléguer quelque alibi devant ce qu’elle ne peut que considérer comme étant son objet propre, à savoir la cruauté psychique.

« Mais « psychanalyse » serait le nom de ce qui, sans alibi théologique ou autre, se tournerait vers ce que la cruauté psychique aurait de plus propre. La psychanalyse, pour moi, si vous me permettez cette autre confidence, ce serait l’autre nom du « sans alibi ». L’aveu d’un « sans alibi ». Si c’était possible ».

Cet « aveu » se fait sur fond de crise, crise de la psychanalyse mondiale ou plutôt crise de la mondialisation pour la psychanalyse. Comment la psychanalyse, sa théorie comme sa pratique, pourrait-elle se penser dans cette économie mondialiste qui la mettrait en crise, si elle ne sait pas, rapidement, en penser les enjeux, pour elle, pour le monde, pour la vie ? Et que veut dire, « si c’est possible » ? sinon, comme il le dit plus loin dans le texte, « penser ce qu’il reste à penser, à faire, à vivre, à souffrir, avec ou sans jouissance, mais sans alibi, au-delà même de ce qu’on peut appeler un horizon et une tâche, donc au-delà de ce qui reste non seulement nécessaire mais possible…. Au delà de l’économie, donc de l’appropriable et du possible…. ».

L’idée de « crime » vient donc hanter de manière spectrale le propos de Derrida. Il le confesse, il l’avoue presque à la toute fin de son intervention : « On parle rarement d’alibi, d’ailleurs, sans quelque présomption de crime. Ni de crime sans un soupçon de cruauté ». Ce pourrait donc être un crime de ne pas penser ou de ne pas poursuivre à penser les conditions du « sans alibi » telles que la psychanalyse l’aurait compris depuis son existence sans céder aux vieux axiomes d’un sujet souverain et d’une responsabilité autonome. Le Sujet de la psychanalyse ne pourrait se prétendre ni autonome, ni libre et maître en sa demeure, ni celui qui s’incarnerait de la pure présence à soi de la représentation éprouvée ou de la trace mais bien celui d’une représentation ou d’une trace renvoyant à une autre ou ailleurs… (l’usage ordinaire du terme alibi, son usage juridique, permet de justifier que quelqu’un n’était pas là où l’on croyait qu’il était, qu’il était ailleurs, en un autre lieu). Ce « sans alibi » tiendrait compte de l’inconscient.

Est-ce à dire que ce « sans alibi » serait une tâche à accomplir ? un devoir à remplir ? une dette dont il faudrait s’acquitter ? Qui pourrait prétendre être, agir, penser « sans alibi » sans s’y confronter ou sans y être confronté cruellement à son insu ? L’alibi est-il évitable ?



Déroulement du colloque :

Samedi 13 Novembre

9h00 - Accueil des participants
9h45 - Ouverture des Journées

10h00 à 12h00 - Jérôme LÈBRE, Docteur en philosophie, chercheur à l’Institut des Hautes Études en Psychanalyse. Ni un non lieu, ni un alibi. Le jugement de la psychanalyse selon Derrida
Discutant : Marc GOLDSCHMIT, Docteur en philosophie, chercheur à l’Institut des Hautes Études

14h00 à 16h00 - Fabienne LELEUX, Docteur en sémiologie, exerçant la psychanalyse, membre de la Société Psychanalytique de Tours. La lisibilité de la lettre sous l’alibi de la censure
Discutante : Anne DUFOURMANTELLE, Docteur en philosophie, exerçant la psychanalyse, dirige la collection « L’autre pensée » chez Stock.

16h15 à 18h00 - Guy Felix DUPORTAIL, Philosophe, enseignant la philosophie à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne Comment remplir l'intention de Freud avec les intuitions de Merleau-Ponty ? (phénoménologie et psychanalyse)
Discutant : Francis CAPRON, exerçant la psychanalyse, Président de la Société Psychanalytique de Tours, chercheur à l’Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse.

Dimanche 14 Novembre

10h00 à 12h00 - Sophie WAHNICH, historienne, spécialiste de la Révolution française, Directrice de recherche au CNRS, Laios, Paris. Punir le crime de lèse humanité, sans alibi.
Discutant : Patrick CECCON, médecin psychiatre, exerçant la psychanalyse, membre de la Société Psychanalytique de Tours.

14h00 à 16h00 - Isi BELLER, Médecin Psychiatre, exerçant la psychanalyse, membre de la Société de Psychanalyse freudienne. Le silence du psychanalyste
Discutante : Danièle LEVY, agrégée de philosophie, exerçant la psychanalyse, membre du Cercle freudien.


Vous pouvez télécharger ci-dessous le programme détaillé du colloque ainsi que le coupon d'inscription.

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Responsable du colloque : Francis Capron assisté du conseil d’administration.

Pour tout renseignement : colloque.jdt@lasocietepsychanalytiquedetours.net

ou Tel : 02 47 66 90 73 ou 06 32 96 47 66



SALON DU LIVRE DE LA PSYCHANALYSE ET DE LA PHILOSOPHIE

En hommage à notre ami Michael TURNHEIM


Vendredi 12 novembre

16h00 - Ouverture du salon du livre


Samedi 13 novembre

Cafés littéraires autour des auteurs et ouvrages suivants :

11h00 - Stéphane Lelong, L'inceste en question, Secret et Signalement, L'Harmattan, 2009.
15h30 - Anne-Marie Picard, Lire/Délire, Psychanalyse de la lecture, Érès, 2010.
18h30 - Marc Goldschmit, L'écriture du messianique, Hermann, 2010


Dimanche 14 novembre

Cafés littéraires autour des auteurs et ouvrages suivants :

10h30 - Jean Cooren, L'ordinaire de la cruauté, Hermann, 2009.
12h30 - Collectif, Manifeste pour la psychanalyse, La Fabrique, 2010, animé par Francis Capron.

Signatures et dédicaces tout au long du salon. Les cafés littéraires dureront environ une heure.


Responsable du salon : Franck Guttières assisté d’Élodie Oksman et de Nicolas Wittenberg.

Contact secrétariat : secretariat.spt@lasocietepsychanalytiquedetours.net


Pour tout autre renseignement : salondulivre.jdt@lasocietepsychanalytiquedetours.net



Écouter l'entretien radiophonique de Francis Capron :


L’ensemble de l’événement (salon et colloque) se déroulera à l’Hôtel de ville de Tours et sera coordonné par Patrick Ceccon.


JOURNEES DE TOURS 2009 - 21 et 22 Novembre


De l'hospitalité


L’hospitalité, qu’elle soit donnée ou reçue, suppose un lieu. Lieu de l’hôte, lieu de l’autre, lieu sacré au lieu de l’Autre toujours en défaut, toujours marqué du défaut, d’une certaine absence (personne n’est là pour répondre d’autrui, ni de moi-même, mais, l’un comme l’autre, nous nous fondons dans ce rapport au tiers que constitue le langage). Est-ce à partir de cette absence, de ce « silence » que s’accomplit l’accueil hospitalier ? En serait-ce la condition, intime, voire secrète, celle d’une certaine intériorité, d’une certaine intimité que Levinas rassemblera sous l’effigie du féminin, de la Femme, condition du recueillement, de la Maison et de l’habitation ? Si l’hospitalité se « donne », elle se reçoit en se donnant, on ne peut véritablement l’habiter qu’à être habité par elle, qu’à se convaincre d’être « chez soi » chez l’autre, toujours étranger en soi-même. Ainsi, comme l’écrit Derrida1, l’invitant devient-il l’invité de l’invité, l’hôte devient-il l’hôte de l’hôte, l’un et l’autre étant alors dans un rapport paradoxal et complexe d’appropriation et d’expropriation, dans un rapport d’altération réciproque dans lequel chacun serait tout à la fois hôte et otage de l’autre. Telle serait peut-être la condition de l’aporie désignée sous le vocable d’ « l’hospitalité inconditionnelle », condition plus langagière que légalement instituée, l’hospitalité, par l’altération qu’elle provoque dans les rapports entre les hôtes, marquant de fait, un certain rapport à la langue, soulignant un fait de langue tenant lieu du symbolique et de la division du sujet. « Si on peut se sentir chez soi dans la langue et se considérer (en même temps) l’hôte de la langue, c’est qu’il y a une division essentielle à la démocratie comme il y a une division essentielle du sujet.2 » Si la langue fait lieu, c’est qu’elle est d’abord la langue de l’autre au sein de laquelle chacun s’approprie sa propre grammaire pour échapper à l’emprise de son « origine ». « L’hospitalité de la langue s’étend à la mort qui dénombre nos mots » disait alors Jabès3. La langue comme l’hospitalité, peut-être n’existeraient-elles vivantes, que véritablement déliées, déliées de l’illusion du « propre », du « religieux », de « l’unique », d’une langue « une », d’une « inconditionnalité » sans conditions préalables à la structure qui en accueillerait la possibilité même, que celles-ci soient politiques ou délimitant  la souveraineté absolue d’une position subjective ?

« L’obsession » de « l’hospitalité inconditionnelle » vient donc hanter naturellement le discours et la pratique analytique et ce depuis que Freud est venu démontrer que l’inconscient est la demeure de l’esprit. Si l’inconscient est l’ombre de la conscience, sa nuit, comme aurait pu le dire Nietzsche, il offre à penser comme l’hospitalité, ce rapport ambivalent au lieu, d’un lieu n’appartenant ni à l’invitant, ni à l’invité, mais au geste, au mouvement par lequel l’un donne accueil à l’autre. « Où ? » serait donc la question première, celle par laquelle le sujet advient4. Elle conforterait la proposition lacanienne définissant la position de l’analyste en lui faisant partager quelque chose de sa position avec la position féminine.


Francis Capron

1. Jacques Derrida, De l’hospitalité, Calmann-Lévy, 1997.
2. René Major, Je veux être chez moi, in La démocratie en cruauté, Galillée, 2003.
3. E. Jabès, Le livre de l’hospitalité, Gallimard,1991.
4. Voir à ce sujet, Anne Dufourmantelle, De l’hospitalité, op. cit.


Liste des intervenants


  • Laurent LEMOINE : « L'hospitalité de l'analyste : s'il n'y a d'Autre de l'Autre, peut-il exister l'hôte de l'hôte ? »
  • Marie GAILLE : « La condition de sans-patrie »
  • Anne DUFOURMANTELLE : « L'hospitalité, entre compassion et violence »
  • Jean COOREN : « Quand il n'y a plus de lieu où l'autre peut s'inviter. (à propos du drame palestinien) »
  • Albert LEVY : « L'accueil de l'autre : hospitalité et espace public »



Les actes des Journées de Tours 2009 ainsi que le DVD sont disponibles (voir la rubrique publications).

JOURNEES DE TOURS 2008 - 15 et 16 Novembre


Plus de SECRET Plus de VERITE


Secret et vérité sont deux mots, apparemment, qui s’appellent et se convoquent l’un l’autre en semblant s’opposer voire se contredire. « Dire toute la vérité » serait parler sans secrets, mais « tenir au secret » serait laisser dans l’ombre une vérité non encore mise à nue. Il existerait ainsi une vérité secrète comme, croit-on, un secret de la vérité, secret et vérité reflétant l’un et l’autre ,respectivement, leur face cachée. La question qui nous intéresse ici est de nature plus paradoxale, au-delà en quelque sorte de l’idée reçue, celle que la vérité serait affectée d’un secret ou d’avance comprise par cette conception du langage qui cherche toujours à l’arracher à sa nuit. La vérité pourrait-elle se dire « toute » et le secret pourrait-il céder simplement par l’aveu ou la confession ? Gagnerait-on Plus en vérité en levant un secret ? Le Plus de vérité amoindrirait-t-il l’intensité du secret ? Vérité et secret ne seraient-ils pas convoqués tous les deux à la même impossibilité à dire ?

« Plus de secret Plus de vérité », tel sera notre titre, inspiré il est vrai, du « plus de secret, plus de secret » de Derrida. Dans notre titre, secret et vérité se redoublent ou se dédoublent en se faisant face à une lettre près, suivant la façon ou la manière de dire ou de faire entendre le s de plus. En quoi, cette question de la lettre, ici en plus ou en moins dans ce qui se prononcerait, vient-elle rencontrer les préoccupations de la psychanalyse en croisant celles de la littérature ?

Lacan, dans son séminaire sur la lettre volée ( purloined letter) nous avait déjà invités à ce rapprochement (entre psychanalyse et littérature) en nous commentant le texte de Poe. L’illustration littéraire qui servait de base à sa démonstration avait pour but de démontrer « que la vérité habite la fiction » comme le maître habite la maison. « C’est cette vérité, qui rend possible l’existence de la fiction ». Ce que nous offrirait l’exercice littéraire, c’est un message codé, à déchiffrer comme un secret.

C’est peut-être par ce rapprochement que le lien entre littérature et psychanalyse serait le plus prégnant par la possible expression d’une lettre restée en souffrance. Elles offriraient à ceux qui s’y exposent le pouvoir de « tout dire » en croyant ne rien dissimuler comme celui de « tout cacher » en s’astreignant à dire « tout ce qui vient à l’esprit ». Manque à savoir ou savoir partiel sont ici à l’œuvre comme le pointait déjà Spinoza, le rapport entre secret et vérité ne pouvant s’interroger qu’au plus juste du rapport, rapport à soi, à l’autre, à l’Autre, en soi ou hors de soi, rapports dans lesquels la question du transfert sera bien évidemment à interroger.

Enfin, nous ne saurions aborder les questions que soulève le rapport paradoxal qu’entretiennent secret et vérité sans souligner les liens étroits qu’ils tissent a contrario du discours ambiant affichant les impératifs de la transparence de la communication ( le parler vrai) et la valorisation du quantitatif. Ces impératifs d’une culture de masse tentent en effet d’assujettir l’espace privé à l’obligation devenue publique de tout dire, de tout montrer, de montrer le tout du sujet conçu comme un tout et comme résultat d’une sommation. Cet enfermement du sujet parlant et désirant est alors produit par une logique totalitaire du discours public, intériorisant plus que jamais une nouvelle forme de terrorisme immanent dans une sphère qui n’a plus de « privée » que le nom. Quelle place alors pourrait prendre l’exercice d’une psychanalyse qui comme la littérature cultiverait la nécessité paradoxale d’un « plus de secret plus de vérité » dans le lien que secret et vérité ont au sacré, ou pour mieux le dire au Saint ( le séparé-proche), étant résolument étrangers par le discours et par l’écriture à l’ordre d’une contrainte qui exclut systématiquement le refoulé, le dénié ou le forclos ?

Francis Capron

Liste des intervenants


  • Sophie WAHNICH : « XVIIIe siècle et Révolution française, le rêve d’une politique de la vérité. »
  • Anne DUFOURMANTELLE : « Espace psychique et vérité, que pouvons-nous ( en ) supporter ? »
  • Francis CAPRON : « Mélancolie et mémoire : l’objet secret d’une survivance »
  • Raphaël DRAÏ : « Le secret du secret : approches juridiques, théologiques et psychanalytiques. »
  • Alain MADELEINE-PERDRILLAT : « Peut-on parler de vérité en Art ? »


Les actes des Journées de Tours 2008 ainsi que le DVD sont disponibles (voir la rubrique publications).

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