Yolande MILLE, doctorante en philosophie, exerçant la psychanalyse à Saumur et toute nouvelle sociétaire, viendra animer notre première journée d’étude.

Argument : « La trinité constitutive de la personne en philosophie et en psychanalyse ».

« La psychanalyse parle rarement de la personne et lui préfère le sujet de l’inconscient. Pourtant chez LACAN lui-même est présent l’écho à la réflexion chrétienne trinitaire qui historiquement est à l’origine de la naissance de la notion de Personne. Si Saint Augustin comprend que l’unité personnelle de l’être humain n’est pas celle qui dépend du même, il reprend la distinction faite avant lui, reconduisant l’unité de la personne humaine à l’image des personnes divines et non à la Personne de Dieu. L’unité de la Trinité est celle d’une seule activité, d’une seule substance là où il y a trois personnes. Elle échappe donc à l’héritage grec qui fait de l’être individuel existant la manifestation de l’universel, mais plus encore, refusant aussi bien l’idée sabellienne de trois rôles sans consistances propres, que l’idée de trois substances ; elle fait de la notion de personne le concept de l’unité par l’altérité et de la division. LACAN au contraire montre des structures dans lesquelles s’entrecroisent de manières différentes trois cercles - Symbolique, Imaginaire, Réel - « en lien » avec Un sujet de l’inconscient. Où est alors l’unité ou l’identité de la personne humaine en psychanalyse ? Le sujet de l’inconscient n’est ni le sujet du droit ni celui grammatical de ses droits, de ses libertés, de ses devoirs, etc. ; mais lorsque l’on parle du respect de la dignité de la personne - dont on a oublié qu’elle n’est associée à la personne que par le biais de la réflexion trinitaire qui la fonde officiellement et intrinsèquement - la psychanalyse est-elle concernée ? La psychanalyse peut-elle faire sans la dignité de la personne parce qu‘elle se passe de l’unité de l’essence, d’une certaine compréhension de la substance, et d’un homme fait « à l’image… comme ressemblance » (d’un Autre) ? Le sujet de l’inconscient peut-il impliquer l’altérité et la division immanentes, réaffirmer une unité autre que celle du même ; si la psychanalyse pense encore de manière floue et réductrice, l‘héritage dans lequel elle puise.