L’idée d’un lieu de l’hospitalité nous est venue au détour du croisement de l’œuvre de Jacques Derrida et des préoccupations de Freud pour rendre accessible la démarche analytique à ceux qui étaient économiquement défavorisés (Polyclinique de Berlin). Il ne s’agissait pas pour nous de renouveler une démarche maintes fois tentée, celle d’une prise en charge de la démarche psychanalytique par le social (subventions, travail en réseaux, antenne d’accueil pour les SDF ou les patients séjournant en hôpital psychiatrique), mais de tenter de positionner l’implication politique que devrait avoir la psychanalyse en se préoccupant de la question de l’étranger à qui on (se) doit l’hospitalité. L’étranger, c’est d’abord celui qui ne possède pas la même nationalité que nous, mais c’est aussi la marque du différent, de ce différent si redoutable et redouté dans les consciences policées. L’étranger, c’est l’autre que l’on désigne et que l’on nomme comme tel pour mieux le rejeter. C’est l’hystérique au temps de Freud, le fou, mais aussi l’enfant difficile, la femme, l’artiste, le musulman ou le juif. C’est aussi l’inconscient, cet autre en nous qui est langage, dont on sait depuis Freud qu’il gouverne le principal de nos actions et de nos rêves. L’étranger est donc celui que l’on craint le plus de par sa familière proximité, voire son étrange familiarité. C’est à cet autre étranger que la psychanalyse doit hospitalité. Elle est son obligée. Et c’est cette « obligation » que notre groupe tente de penser en voulant tout à la fois l’inclure dans le politique sans tomber dans les pièges d’un social par trop idéalisant.

Depuis deux ans, un groupe de travail tente de conceptualiser un lieu dit « lieu de l’hospitalité » dans lequel pourrait se concrétiser, pour ceux qui en pousseraient la porte, un entendement spécifique de leur différence au travers de leur histoire singulière. Cette hospitalité ainsi reçue et donnée pourrait spécifier la pratique de la psychanalyse vis-à-vis des autres démarches essentiellement soignantes et lui donner son implication dans le politique au service d’un plus grand nombre.

Nous avons soumis notre projet à la Mairie de Tours qui étudie avec bienveillance notre requête de mise à disposition d’un lieu. Le détail de son futur fonctionnement sera communiqué sur le site en temps utile.

Ce groupe est réservé aux membres de la Société Psychanalytique de Tours.